Monsieur Erik nous a quitté !
L’homme a réglé ses comptes par presse interposée
l’envie me prend de lui régler le sien.
A ses débuts chez nous, je lui avais fait remarque d’un article de presse malheureux, dont le but de flatter notre image avait été desservi par des propos mal restitués.
Je m’étais permis de lui expliquer qu’une rencontre avec la presse se prépare.
La bête a bien appris qui a mené avec brio, et ce sera mon seul compliment, son ultime parution chaunoise.
Ce fut à son seul bénéfice ce qu’il n’a jamais réussi lorsqu’il s’est agi de l’hôpital, restant toujours dans l’approximation.
Dans son apologie auto fabriquée, on aurait le sentiment que, grand seigneur, il quitte le navire drapé du linceul du désaccord et de l’incompréhension mais auréolé d’une élévation d’esprit que les pèquenots d’ici bas ne pouvaient appréhender.
La réalité serait peut-être moins glorieuse si l’on remet de l’ordre dans la chronologie :
ayant réussi à faire une quasi unanimité contre lui qui en d’autres temps et d’autre lieu lui aurait valu un lynchage, il aurait dû nous quitter fin 2013, si l’information est exacte.
L’hôpital se serait trouvé engoncé par un renouvèlement trop précoce d’un contrat qui nous aura probablement coûté le prix d’un placard de luxe.
Le détail est piquant pour quelques CDD qui voient leur contrat pourtant indispensable, renouvelé quasiment à la date d’échéance.
Ceci a permis à l’animal congédié, une issue plus élégante par la démission.
Dans un CV, cela a de la classe et permettrait au cours d’un entretien d’embauche une sortie de panache, le regard tragique et le trémolo dans la voix :
«j’ai préféré la démission que de supporter de tels errements de gestion».
Ajoutez y les articles de presse savamment déposés sur la table, je vous laisse juger de l’effet.
De la culture italienne, il avait emprunté quelques penchants :
- vénitien pour la relation aux femmes et avoir adapt& pour l’occasion, l’adage des marins devenu chez lui
«une femme dans chaque service»,
ce qui permettait assurément une bonne connaissance des potins de terrain.
Je ne me suis jamais privé de faire savoir en opportune compagnie, l’estime en laquelle je tenais le coquin.
Ceci explique assurément la diatribe dont je fus l’objet le 24 septembre dernier.
Détail attendrissant, il y a peu, la mignonne s’est trahie inconsciemment en prenant sa défense malgré sa disgrâce. Le coquin aurait-il donc d’autres charmes que ceux de sa position dont il semblait en jouer ?
- florentin pour son goût immodéré de la manipulation.
Le bloc opératoire qui compte quelques champions de ce sport, devint ainsi le terrain d’un jeu de «je te tiens, tu me tiens par la barbichette» ou «qui dupera qui ?».
La fréquentation du personnage m’a laissé l’image d’un carriériste-arriviste, à la recherche du contact tremplin.
Ancien militaire sous-marinier, il était plus enclin aux réformes à la hussarde, pourfendeur sans panache qui me faisait penser aux militaires de la chanson de Brel
« Qui exigeait du bout des lèvres
Qu´ils aillent ouvrir au champ d´horreur »
Ancien militaire disais-je, à l’humanisme fétide, qui n’avait pas appris, je crains, que le chef, modèle exemplaire, se doit de respecter ses troupes pour gagner ses combats.
«Négociation», «concertation», sociales ou professionnelles, devaient être pour lui, des termes surannés d’un passé révolu.
Son imagination créative se limitait à sabrer dans le personnel, restructuration était son slogan.
Il aurait fait une grande école de commerce, en un an, au rabais,
comme j’ai personnellement fait ESSEC Santé.
Cela évite qu’on me fasse prendre des vessies pour des lanternes
mais ne fait certainement pas de moi un gestionnaire d’hôpital.
De l’avoir côtoyé à ses débuts,
j’ai le sentiment qu’en fait, il ne connaissait rien du monde de la Santé, sur le terrain.
En tout cas, il n’avait pas compris qu’à l’hôpital, l’outil de productivité s’était le soignant.
Son leitmotiv, réduire la charge salariale sur le seul dos des soignants.
Comment utilisait-il la comptabilité analytique ?
Quel balance faisait-il entre les charges et les bénéfices induits ?
A ce jour, je ne l’ai pas encore compris.
Car de données comptables analytiques, je n’en ai jamais vues.
Voilà esquissé un portrait dont je ne sais s’il est complet
mais il suffit pour comprendre l’aversion générale dont est devenu l’objet
ce personnage à l’allure parfois dédaigneuse et méprisante.
Loin de moi de lui vouloir du mal,
même si la chronique est violente et peut faire mal,
ceci est peu de choses par rapport à tous ceux qu'il a malmenés, piétinés sans vergogne, blessés parfois profondément,
ramenant à ce que contient le terme d'"humanisme fétide" utilisé plus haut.
S'il me lit et se sent offensé, je lui présente mes excuses,
Il est des vérités qu'il faut savoir dire,
on apprend plus des critiques que des louanges parfois intéressées.
Mais lui, s'est-il jamais excusé du mal qu'il a fait ?
S'en est-il seulement rendu compte ?
J’espère surtout qu’il ait professionnellement disparu pour nous
car il nous restera un héritage, lourd à porter
et dont je ne suis pas sûr que nous nous en remettrons.
R.I.P.