Gérard Maudrux est, comme moi, chirurgien, et donc symbole de la médecine allopathique.
Il a publié une note sur le Quotidien du Médecin
Il m’a semblé intéressant de la porter au débat de l’homéopathie
Déremboursement de l’homéopathie : la science a ses raisons que la raison ignore.
Posté le 11 juillet 2019 par Gérard Maudrux
" En préambule, je n’ai jamais prescrit ni avalé un seul granule. Je ne suis donc qu’un observateur extérieur non directement concerné, mais soucieux du bien-être de chacun et de l’économie en général.
Loin de moi l’idée de contester les arguments scientifiques qui ont prévalu à cette décision, mais cette décision de la HAS, du Ministre, du Président n’est basée que sur la théorie scientifique, elle ignore l’humain et l’économie. Grosses erreurs dont vont pâtir certains.
On oublie qu’il y a 2 choses différentes : la maladie, et les symptômes. Si l’homéopathie n‘agit pas sur le premier, est-on sûr qu’elle n’agit pas du tout sur le second ? Et que demande le patient en premier lieu ? Etre soulagé. Le comportement du cerveau, la réaction de chacun face aux symptômes, partie visible et ressentie par le patient, ne peut être une chose scientifiquement expliquée. La science n’est pas capable de nous expliquer pourquoi dans les études en double aveugle, les placebos ont une action non négligeable. Pire comme j’ai pu le constater en faisant des études phase 3, les effets secondaires du placebo sont souvent les mêmes que ceux rencontrés avec le principe actif ! Mystère inexplicable, surtout quand les patients n’ont pas pu lire de notice décrivant ces effets les plus fréquents.
Je me souviens il y a plusieurs décennies des études concernant les médicaments pour la prostate comme le Tadenan et le Permixon. Produit actif : 40-50% d’amélioration, placebo 30%. Pas si mal, pour rien ! S’il n’y a aucune raison scientifique pour que l’homéopathie ne fasse pas mieux que le placebo, il n’y a aussi aucune raison scientifique pour que l’homéopathie de fasse pas aussi bien que le placebo. Alors pourquoi se priver d’un médicament pas cher, sans effets secondaires, qui soulage déjà 1/3 des patients ? Bien entendu à condition qu’on ne leur dise pas que cela guérit aussi du cancer.
Si l’homéopathie ne faisait strictement rien, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’homéopathes. Prenons la grippe banale. Elle guérit toute seule, mais le patient vient à cause des nuisances des symptômes. Certains sont enchantés par l’Oscillococcinum et ne jurent que par ce traitement, qui marche chez eux, nous en connaissons tous. C’est moins toxique et moins coûteux que l’aspirine les antiinflammatoires ou les antibiotiques que d’autres vont prendre.
Si l’homéopathie ne « guérit » que les maladies dont l’évolution spontanée est favorable, elle le fait avec moins de risques et de coût que la pharmacopée « efficace » (sur quoi ?). En tous cas chez beaucoup, elle les écourte en agissant sur les symptômes via le subconscient de l’individu prédisposé.
En ce qui concerne les « économies » espérées, il n’en sera rien, bien au contraire. 127 millions sur 200 milliards de dépenses de santé, c’est 0,063%, sur 20 milliards de remboursements de pharmacie, c’est 0,63%. Une goutte d’eau qui va coûter 3 ou 4 gouttes d’eau. Les indemnités pour les milliers d’emplois qui vont disparaître, les cotisations sociales en moins, les impôts sur les bénéfices en moins, vont en absorber une bonne partie. Le pire est la substitution, le remplacement par des médicaments plus coûteux, avec des effets secondaires qui auront également un coût, car que vont prendre les accros à l’Oscillococcinum pour être dispo plus rapidement ? Des antibiotiques ?
Vous me direz qu’ils pourront toujours en prendre, non remboursé, mais nous avons tous connu ces patients à qui on a prescrit des médicaments non remboursés, qui reviennent (et une consultation de plus, 25 fois plus cher que le remboursé) pour exiger le remplacement par un médicament remboursé.
Le monde, la médecine deviennent un peu trop aseptisés, normalisés pour rentrer dans les cases des ordinateurs qui exerceront à notre place demain. La médecine sans une petite part de magie, de mystère devient terne. Un monde sans un peu de magie, de folie, de rêve est un monde terne. Pourquoi faire perdre leurs illusions à ceux qui en ont encore, si cela ne coûte rien à personne ? "
A méditer
Alchir